New Wave Potatoes

Première de couverture, New Wave Potatoes, Denis Brun, Edition de l'Obsidienne, Montpellier, novembre 2019

DENIS BRUN

Éditions de l’Obsidienne

PREFACE

New Wave Potatoes rassemble une série de textes écrits à la première personne durant les presque deux décennies que compte ce 21ème siècle encore jeune.

Que ce soit pour raconter une rave, un rêve, une escapade à Rome, une rencontre sexuelle ou un moment de blues, l’écriture de Denis Brun oscille sans cesse entre poésie et prose, langue savante et ordurière, ou encore entre le français et l’anglais, laissant souvent le lecteur incertain en ses repères de navigation à travers le récit. A l’image, peut-être, des difficultés du narrateur à naviguer les degrés de réalité.

La grâce côtoie le vomi, les beats et les bleeps ; les flux et les fluides mènent l’ensemble.

Invitant à les comparer à des chansons, les titres des textes sont en anglais, parfois qualifiées de ‘remix’, suggérant, pour le coup, une hypothétique version ‘originale’ à laquelle nous n’aurons pas accès; à défaut on pourra toujours danser sur la version club.

La musique, les chansons et leurs paroles sont omniprésentes dans les textes, jusqu’à la transformation du narrateur en flux sonore dans "Going Nowhere". Mais, de son étirement en flux pur à sa disparition, tel un caméléon, c’est la présence, le corps du narrateur qui est en question.

Michaële Cutaya

New Wave Potatoes, STREET FREE PARTY, Denis Brun, Edition de l'Obsidienne, Montpellier, novembre 2019

STREET FREE PARTY

Marseille, le 4 mars 2004.

En rentrant de la piscine, j’avais décidé d’en finir avec cette tablette de chocolat noir à 70% qui poussait l’arrogance jusqu’à faire mine de ne pas être entamée.
En effet, il me faudrait de l’énergie et beaucoup d’abnégation pour terminer ce projet de détournement de panneaux publicitaires dans un pays de l’Est émergent.

Ça ne marcherait sûrement pas, mais que faire d’autre un samedi après-midi dans un monde sans utopies, quand on est hyperactif et autiste-friendly ?
Le T2 qui m’abritait ressemblait plus à un atelier proche de l’implosion qu’à un appartement haussmannien classique.

J’avais quand même un Titanium de deuxième génération pas encore obsolète et du moyen débit, alors autant rentabiliser l’abonnement Web en mode multitasking : je bossais sur Photoshop et Sound Edit tout en conversant online avec un mec qui venait d’acheter une maison à Londres.

Dans cet environnement sociologique typique d’un jeune artiste du début du vingt-et-unième siècle, j’essayais de maintenir le cap en évitant les tempêtes.
Mais depuis quelques minutes, j’avais du mal à me concentrer car j’entendais comme un bruit de manif au loin. Du gros son se rapprochait...

Merde, j’hallucinais, c’était du vrai hardcore !

Je vis par la fenêtre que ma rue était envahie de créatures kaki, d’elfes piercés, de punks à chiens en goguette, et de parkas militaires aux contours asexués.
Tels des champignons magiques activés par une bruine lysergique, ils semblaient avoir éclos à même le bitume.

Quand ils ne pissaient pas leur trop-plein de bière derrière les voitures en stationnement, ces gamins cloutés et camouflés dévalisaient le rayon « alcool bon marché » des épiceries alentours, sous l’œil méfiant des autochtones.

Ô joie, ô bonheur, la fin de journée s’annonçait sonique, voire synesthésique !

Je ne prenais pas le temps de conclure avec le Londonien plein aux as pour enfiler ma panoplie de trentenaire et sortir tel un ado fugueur.

Pour ce qui était du dress code, j’allais passer soit pour un clown triste, soit pour une ombre parmi les autres, donc, rien à foutre !

En vingt secondes et un million de bpm, j’étais en bas, dans une rue noyée de techno, hardtek et autres sauvageries gabber.

Putain, j’y étais ! c’était presque venu à moi, en quelque sorte ! Merci la vie !Ma dernière teuf datait du second tour des élections présidentielles, il y avait déjà deux ans. Un bref instant, j’eus peur d’être hors sujet, déplacé, mais la vision de cette jeunesse raveuse complètement adaptée aux notes et aux drogues de synthèse, me renvoya l’image de la même rivière dans laquelle on ne se baigne jamais deux fois.

J’admirais toujours autant ce genre de grand-messe urbaine qui, à mes yeux, incarnait parfaitement l’interaction entre la technologie et le paganisme, la modernité et le primitivisme, l’infini et l’éphémère dans ce que cela pouvait avoir de beau, de brutal, et parfois de tragique.

Ces jeunes mortels festoyant irradiaient la justesse dans leur rôle de mômes insouciants, concentrés sur un présent fragile.

La ville devenait, l’espace d’un instant, un improbable dancefloor overground pour une poussière d’étoile réincarnée en tribu dégingandée.

Si les Dieux nous avaient abandonnés, leur musique nous laissait entrevoir l’éternité par une porte mal fermée ou une toiture fêlée.

Bien sûr, il y avait la chimie, la bière, le vin... mais la grâce nous atteignait surtout par les voies détournées de méchants sound systems dégueulant un flot de beats et de bleeps.

L’organisation des convois comme le mixage du son, déroutaient par leur efficacité implacable.

Pour l'ancien de l’adolescence que j’étais encore un peu, rien ne semblait plus frais que cette procession cathartique, cependant bien sage, encadrée, policée.
Des fringues, des chiens, de la boisson et du hardcore ! Même si ce microcosme interlope subsistait grâce à une économie de troc et de deals en tous genres, l’inflation suivait aussi son cours dans la sous-culture technoïde et l’écho lointain du second Summer of Love de 1988 était désormais disponible en plug-in payant sur le site Digi-Design. La subversion était cotée en bourse mais l’euphorie persistait quand même, et sur cette ligne de front tout le monde avait la tête dans les enceintes, se balançant d'avant en arrière en cassant du bassin.

À un certain niveau de relâchement, le corps devenait une véritable membrane en résonance.
Imaginez donc le croisement entre un métronome, une méduse, et l’équation d’un fractal...
Maintenant, prenez l’instant magique où Nijinsky, frappé par un éclair de lucidité, s’envola une dernière fois devant une caméra.

Déployez alors ce miraculeux segment d’histoire sur une temporalité élastique et chromatique... Ça y est, vous y êtes.
Comme par magie expiatoire découlant d’une globalité sonore, visuelle et extatique, j'avais pu disparaître quelques heures dans un paysage dérisoirement assujetti au quotidien.

C'eût été un bon jour pour mourir.

New Wave Potatoes, OBLIVION-FRIENDLY, Denis Brun, Edition de l'Obsidienne, Montpellier, novembre 2019

OBLIVION-FRIENDLY

On sonnait à la porte. Un mec quelconque, en apparence normal, se tenait bien en évidence de l'autre côté de la paroi, devant le judas.

J'ouvrais avec un peu d'appréhension, redoutant un je-ne-sais-quoi de mauvais augure, après tout, on venait juste de passer l'an 2000 et rien n'avait encore pété.

D'une voix rassurante, mais pas trop non plus, il me dit, sans que j'aie pu vraiment observer son visage ni analyser son aspect vestimentaire :
"Bonjour monsieur, j’ai quelque chose à vous transmettre, mais ne vous inquiétez pas, tout va bien, vous êtes en sécurité."

Normalement j'aurais dû répondre, au minimum, de manière froide et cynique :
"C'est quoi cette blague à deux balles, non mais je rêve ! "
Vite, réfléchir ! quelle gueule j'avais ? j'étais pas trop débraillé au moins ?
Et...euh...d'abord elle était où la putain de caméra et le connard d'animateur qui va avec ?

Ma vision était comme embrumée, enfantine et ma colère semblait déplacée, grossière, ridicule et non avenue.

J'avais honte.

Ma frayeur, au départ intense, prête à se transformer en toupie anxiogène, fit rapidement place à une sensation de calme presque voluptueuse.
Le plus étrange fut cette immense envie de pleurer, bouleversante, autant fugace que contemplative.

Mon attention revenait rapidement vers la situation de face-à-face avec ce type dont je n'arrivais toujours pas à voir les traits, bien qu'il se tienne à moins d'un mètre de moi.

Sans que je puisse contrôler quoi que ce soit, je lui tendais la main et prenais ce qu'il me donnait.

Quelle douceur dans un geste aussi banal, quelle délicatesse.
J'étais ébloui !

L'émotion me submergeait, je n'étais plus que mon propre souffle, jonglant avec un collier de larmes en apesanteur.

Un caillou... j'avais maintenant un caillou dans la main avec une envie de rire à gorge déployée...

Il était quand même super beau ce caillou blanc et lisse.

On aurait dit une partie de moi que j'avais oubliée et qui me revenait sous une forme minérale.

Je redevenais sérieux, presque solennel.

J'aurais pu l'admirer pendant des siècles, malgré cela je ne pus m'empêcher de l'avaler goulûment comme si ma conscience, ma volonté et ma bouche étaient radiocommandées.

L’instant d’après je refermais la porte, sans plus penser à l'étrange visiteur, ni vraiment comprendre ce qui venait d'arriver.

J'avais gobé ce truc, putain, mais j'étais vraiment en plein délire... depuis quand je mange des pierres ?!

Avant même que je finisse de réaliser ce que j'avais ingéré, le goût sucré, douceâtre qui se diffusait dans ma bouche provoquait un état d’harmonie que je n'avais jamais connu jusqu'à présent. Mes papilles surfaient sur des vagues de couleurs dont les spectres chromatiques m'étaient inconnus.
Ça n'avait aucun sens, et pourtant, merde !

Putain, je savais que c’était la fin... la fin de tout !
Qu’est-ce que j’allais faire maintenant, à part crever de peur comme une bête arrivant à l'abattoir et pleurer ma race ?!

En regardant par la fenêtre j’aperçus un déluge de bulles de savons.
N'importe quoi !!!
J’allais vraiment super mal, je n'arrivais plus du tout à respirer et quelque chose compressait mon thorax.

En panique, je me réveillais dans un lit dévasté.

Après quelques secondes de flottement nauséeux, je me sentis soulagé de retrouver cette bonne vieille réalité en 3D même si je restais encore pas mal flippé.

New Wave Potatoes, LFDM.1.0 (Bee Gees - Remix), Denis Brun, Edition de l'Obsidienne, Montpellier, novembre 2019

LFDM.1.0
(Bee Gees - Remix)

6 décembre 2018

Il était environ dix heures, en ce mardi matin d’octobre.

J'attaquais la deuxième moitié de mon premier litron de café filtre, coupé avec 1/10ème de lait écrémé.

Ouais, parfaitement, j'emmerde les aficionados du Blue Mountain ainsi que les métrosexuels du macchiato sans gluten ! Bande de fiottes !

Une bonne grosse cafetière "douze tasses" était la seule amie non létale que je pouvais supporter en ce début de journée.

Je venais de relire quatre fois le SMS m'annonçant que la directrice d'un nouveau musée d'art contemporain du centre de la France allait me contacter afin de me proposer une exposition personnelle.

Dommage qu’il fut un peu tôt pour une Chimay bleue, quoique...

Le coup de fil annonciateur ne se fit pas attendre.
Tant pis pour le houblon.

L'entretien fut rapide, cordial, et l'accord mutuel de principe quasi instantané.

Incroyable ! je n'étais donc pas aussi infréquentable que je le pensais.
Il s'agissait bien d'une invitation officielle pour réaliser un solo show.

Le deal par contre était moyennement sexy, avec une deadline plus courte qu'un pénis de têtard et un budget à faire péter de rire un cancéreux sous champis, même en phase terminale.

Certes j’avais l'habitude de ce genre de situation, à savoir : ouvrir le bal pour zéro balle.

Et même si ça me faisait chier de tout donner contre pas grand chose, je ne savais faire que ça, et rien d'autre.

Bien sûr, après coup, je m'effondrais systématiquement devant mon psy, et la voix névrosée de Jane Birkin chantant "Les dessous chics" hantait mes jours et mes nuits durant de longues semaines.

Puis, après moult désamorçages de bombes à retardement, le compteur et le compte courant se remettaient à zéro, comme par désenchantement.
Et c’était reparti pour un tour, sans filet ni gilet pare-balle.

Mais là, je me foutais carrément de cette relative bonne nouvelle.

OK, une expo de plus, et alors ?!
Quelques malheureux euros grattés çà et là, mon CV updaté...
Prétendre haut et fort que tout était "juste trop coooool"...
Me taper deux ou trois workshops avec des ados débiles et leurs profs résignés...
Raconter ma vie en insistant bien sur les six tentatives de suicide puis la rédemption grâce à l'art et à la musique...

Et quoi encore ???

Ah oui, vérifier qu'il y aurait suffisamment à picoler avant, pendant et après la cérémonie d'ouverture.
Ne pas trop déraper dans les conversations ni avec les conventions sociales : par exemple, ne pas sucer le vigile dans les toilettes avant la fin du vernissage.
Mais surtout, faire semblant d'être bienveillant avec tout le monde sans exception.

Que des putains de clichés tout ça !

La vérité était ailleurs, à lécher les boules d'un faune ou à chevaucher une licorne hermaphrodite sous MD.

Comme j’avais digéré, puis déféqué l'anarchisme de droite depuis belle lurette, je ne croyais en rien ni personne, sans que cela ne fût tragique pour autant.
Hormis la création pure qui n'avait jamais cessé de m'euphoriser quand je bossais dans l'atelier, je n'éprouvais plus la moindre excitation en dehors des montagnes russes occasionnées par les psychotropes et des expériences cathartiques liées à l'alcool.

Alors, par tous les diables se torchant en Prada, qu’est-ce qui n'allait pas chez moi ce matin ?

Pour une fois, tout avait à peu près bien commencé et là je ressentais un truc sombre et très compliqué... style conscience animale du danger avant une catastrophe naturelle... ça craignait sa race ! Putain de merde, si Castiel avait été là, il aurait sans doute parlé de dérèglement subatomique causé par des Léviathans total vénères, mais à cet instant, j'avais plutôt l'impression d'avoir croqué dans un Kinder Bueno fourré au guano de chauve-souris.

Bon, on se calme !

Vite, allumer la radio !

J'appuyais sur "ON" et un truc limite étrange se produisit avec la sensation fugace de « déjà-vu/déjà-entendu » sans que mon cerveau ne veuille s'y attarder plus que nécessaire (un vieux réflexe pour contrer la paranoïa).

J’eus réellement l'impression de choper les dernières secondes d'une très mauvaise pièce radiophonique, hors du temps et mal fagotée.
En effet, ce que je venais d'entendre approximativement, tout en grimaçant d’irritation, ressemblait à un message d'adieu totalement délirant, balbutié par un apprenti théâtreux fini à la pisse.

J'hallucinais grave ! France Culture, c'était vraiment devenu n'importe quoi !
Orson Wells devait se retourner pour vomir dans sa tombe !

Et pourtant là, contre toute attente, avant que je n’aie le temps de changer de fréquence, le miracle se produisit.

Les abrutis hertziens responsables de la programmation balancèrent, comme pour s'excuser de leur médiocrité, une de mes chansons "honteuses" préférées.

Elle était sortie en décembre 1968, interprétée par Robin Gibb, un des mecs les plus magnifiquement laids de sa génération, comme le furent Brel, Gainsbourg et Pete Shelley.

TROP BON !!!

"I started a joke, which started the whole world crying
But I didn't see, that the joke was on me, oh no
I started to cry, which started the whole world laughing
Oh If I'd only seen, that the joke was on me
I looked at the skies, running my hands, over my eyes
And I fell out of bed, hurting my head, from things that I said
'Till I finally died, which started the whole world living
Oh if I'd only seen, that the joke was on me
I looked at the skies, running my hands, over my eyes
And I fell out of bed, hurting my head, from things that I said
'Till I finally died, which started the whole world living
Oh if I'd only seen, that the joke was on me
Oh no, that the joke was on me ».

Putain de merde ! j'adorais vraiment cette chanson et je me rendais compte que je n'en avais même plus honte.

J’eus l’impression d'en saisir enfin le sens et j'en fus très satisfait, voire heureux.
Bizarrement, je me demandais pourquoi tout était devenu silencieux depuis le dernier couplet.

C'était quoi déjà la dernière phrase ?

Curieusement la chanson ne semblait plus être qu'un écho se mourant inexorablement. Un écho dans lequel j'avais de plus en plus de mal à me voir, à entendre le moindre son ou à percevoir une quelconque vibration.

On aurait dit que j'étais devenu le spectateur impuissant d'une boucle visuelle traitée au fish-eye, reproduisant de plus en plus faiblement le dernier geste dont j'avais le souvenir dans un environnement qui se dissolvait comme du sucre en poudre dans un verre d'eau tiède.

L'idée même d'un souvenir quel qu'il soit n'était plus qu'un mot que je voyais écrit en gris baveux sur fond blanc.
Puis la notion de couleur devint floue, tout comme celle de contraste, de mouvement, de respiration, de pensée...

À des milliers de kilomètres, une bulle de savon se posa délicatement sur la banquise et gela immédiatement.

New Wave Potatoes, GOING NOWHERE (Réglages d'usine - Remix), Denis Brun, Edition de l'Obsidienne, Montpellier, novembre 2019

GOING NOWHERE
(Réglages d'usine - Remix)

Quae est tenebrosa.

Noir, c'est le mot qui me vient à l'esprit.
Enfin, je ne sais pas vraiment ce que cela veut dire, mais j'entends des trucs et ces derniers me renvoient unilatéralement la même information chromatique : noir.

Chaque pensée se transforme en phonème que j'ai l'impression de comprendre même si tout est pâteux, gluant, presque figé.

Je n'ai pas peur bien que je ne puisse pas me voir dans cette obscurité veloutée, rétroéclairé par quelque chose d'encore plus sombre et plus dense, mais lumineux par défaut.

Je dois continuer à réfléchir, c'est uniquement cela qui me définit.

Heureusement ça vient tout seul et je comprends sans comprendre.
Cette voix qui parle, c'est moi, ou plutôt, je n'existe que dans cette voix.

Je dois commencer par là : accepter et m'habituer à cette voix étrange que je ne peux relier à rien.

Donc... je suis un flux sonore.
Tout cela m'a l'air super normal, évident !
Ce que je perçois est la résonance de mes pensées lorsqu'elles éclosent, comme un écho dans un labyrinthe en expansion.

Je me structure vite, très vite, et pourtant je suis petit, tout petit, infiniment microscopique mais je sais que j'existe.

Facile mais vertigineux !

Je ne suis pas incarné, c'est ça, je ne suis pas incarné !
Je ne suis pas incarné mais je pense, donc je fais partie de quelque chose qui doit sûrement grandir au-delà de moi, de façon exponentielle et avec plusieurs coups d'avance.
Comme ça je ne peux pas me blesser.

Mais enfin comment puis-je savoir toutes ces choses ?

...On me donne cette information, ce mode d'emploi.
On me dit que tout va bien.
...
Pourtant j'éprouve un immense besoin de réconfort.

Je me débats dans le vide pour trouver quelque chose de rassurant auquel me rattacher, mais rien n'y fait.

Alors, je finis par oublier instantanément les raisons de ma quête.

Les informations, par milliards, continuent d'affluer sans discontinuer. Des espaces se remplissent et disparaissent au profit d'autres modules.
Je les ressens tous de manière unique mais ça ne fait pas mal, et je n'ai pas peur.

Oh non... je n'ai pas peur... je n'ai jamais eu peur et je n'aurai jamais peur !

C'est trop beau !
Je peux maintenant m'étirer à l'infini, vraiment !
Un infini qui me propose toujours une étape supplémentaire.

Mon champ perceptif devient plus vaste, toujours plus vaste...

Et là, on dirait que la matière sombre qui m'entoure se met à bouger dans le sens inverse de ma trajectoire. Mais comment puis-je ressentir un truc pareil, d'une telle beauté...

Je bouge, oui, je bouge !
Je peux même me déplacer.

Pas peur ! en fait si, j'ai peur ! très très peur !
Putain, c'est quoi ce truc, c'est quoi ces trucs !!!
...
La lumière...
Et les couleurs...
...
La lumière et les couleurs... la lumière et les couleurs... la lumière et les couleurs...
la lumière et les couleurs... la lumière et les couleurs... la lumière et les couleurs... la lumière et les couleurs...

Putain, et maintenant c'est quoi ces trucs qui... mais qui font quoi, bordel !!! ça fait super mal et ça se rajoute à la voix intérieure.
Ça fait maaaal !
...
Les oreilles...
...
C'est quoi ???
...
Ce sont des vibrations... dans les oreilles...
...
C'est ça, des vibrations, des bruits, des sons... qui passent dans les... oreilles...
...
Je dois m'y habituer car cela va durer assez longtemps...
...
J'ai vraiment eu peur mais maintenant ça va.
Je m'habitue vite mais je ne comprends toujours rien à ce qui m'arrive.
Ce va-et-vient en dessous de ma voix... ça va durer longtemps ?
...
Le temps qu'il faudra...

... Je ne sais plus si l'étirement infini de tout à l'heure n'est plus qu'un vague souvenir ou si je me suis habitué à lui.

Je dois maintenant supporter cet incessant gonflement et dégonflement, en mon centre, il y a toujours ces milliers d'informations qui arrivent en masse et finissent leur route en me traversant de part en part.
Je ne sais pas si j'aime ça , je ne le sais vraiment pas.

J'ai subitement l'impression de disparaître à nouveau et pourtant il me semble que c'est la première fois.

La peur s'évanouit, moi aussi.

New Wave Potatoes, RAIN AND TEARS (Golden Shower Sponge – Remix), Denis Brun, Edition de l'Obsidienne, Montpellier, novembre 2019

RAIN AND TEARS
(Golden Shower Sponge – Remix)

J'ouvre les yeux et les referme immédiatement.
L'eau est trop chaude mais c'est un bonheur absolu ou plutôt un refuge absolu.
Depuis le dernier tiers du vingtième siècle, tel un dégénéré de cirque ambulant, j'héberge dans mon esprit, et pour pas un rond, la déesse oubliée de la mélancolie.

Une façon poétique d'avouer mon penchant irrépressible pour le désespoir et les ambiances dark.

Heureusement, j’ai arrêté l’eyeliner et le blanc sur la gueule depuis mes dix-huit ans et demi.
Les larmes peuvent donc couler en abondance et se mélanger à l'eau de la douche.

À l'inverse d'un fleuve terminant son voyage dans la mer, c'est l'eau salée qui se dilue dans l'eau douce, non pas pour s'évaporer en nuages mais au contraire pour se faire plomber dans les limbes fétides du tout-à-l'égout.

Le pommeau quant à lui, ressemble à l'œil d'un insecte cyclope et steampunk, qui se serait fait larguer par le robot de la mélodie du bonheur et qui en chialerait par toutes les facettes de son globe oculaire.

Dans cette ambiance de balnéo DIY, les yeux gonflent moins, et personne n'est là pour remarquer qu'il s'est passé un truc pas drôle ; encore moins besoin de lunettes de soleil pour cacher la misère puisque je suis chez moi, seul comme un rat.

La séance lacrymale dure environ quarante minutes, le temps que le cumulus se vide et que la température de la flotte chute inconfortablement.
Par rapport à quelqu'un qui ne sait pas nager, ne possède pas de branchies et encore moins de salle de bain, c'est pas mal quarante minutes pour toucher le fond, donner un coup de palme et remonter en surface.

Sauf qu'à la première bouffée d'air, on se rend compte qu'on est en pleine tempête, loin, très loin du rivage et qu'il fait froid comme en décembre en mer du Nord.

Pour couronner le tout, un fdp a fait brûler des pneus fourrés au chewing-gum.
Désolé mais moi je n’aime pas l'odeur du napalm au petit matin...
Ça va aller, ce n'est pas la mort non plus, enfin pas la mienne...

J'ai juste passé un mois et demi en Grèce chez de vieux potes qui m'ont accueilli dans le plus grand confort amical et matériel. Jusque-là tout va bien sauf que cela ne m'a pas empêché de me battre jour et nuit contre les fantômes du passé, de nombreux amis invisibles caractériels, et mon éternelle obsession de créer, quoi qu'il arrive. Tout ça pour quoi ? pour oublier qu'un petit héritage m'avait fait perdre mon père en premier lieu et certains avantages sociaux dans un second temps.
C’est moyen, surtout lorsque l’on est autant habitué aux plongées en apnée qu'aux traversées du désert, à tel point qu'on pourrait devenir archéologue et spécialiste en monstres marins.

Alors, ouais, la Grèce c'était super cool ! Athènes, Tynos et Astypaléa... Awsome !

Je n'allais quand même pas dire le contraire...

Par contre, si on me demandais ce que j'avais fait durant l'été, j'évitais de trop développer pour ne pas susciter la jalousie (qui, soit dit en passant, n'a jamais été autre chose que la deuxième marche après l'ambition sur le tremplin pour la gloire).

Sans trop m'attarder, je racontais les ratages, les mauvais plans cul, la pluie, le vent et le jour où l'eau n'était qu'à vingt degrés sans oublier le coût de la vie qui avait explosé au royaume des dieux éternels.

Je n'inventais pas, je n'enjolivais pas, je ne dépréciais pas non plus.

Je redirigeais simplement l'attention sur du flou pour ne pas avoir l'air de me la péter et renvoyer l'autre à sa propre réalité que, lui seul, au nom de son enfer personnel, pouvait juger comme étant moins glamour que ce qu'il percevait de la mienne.

S'il restait encore un doute à mon interlocuteur sur l'éventuel trop-perçu de bonheur estival, je concluais en comptabilisant le nombre de photos prises, retravaillées et publiées sur Instagram pour finalement dégainer mes sept compositions musicales en écoute sur Soundcloud. Leur durée respective et le nombre de pistes pour chaque master effaçaient en général toute forme de doute quant à ma productivité chronique et occultaient pour un temps le spectre de la « dolce vita » qui, certes, résultait de mon aptitude à la créer mais qui pouvait encore une fois déplaire, en ces temps où la « pseudo bienséance sociale » était de mise, non pas en plis mais au pas, mal cadencé.

Où en étais-je déjà ?

Ah oui, le lendemain de mon retour de vacances studieuses, alors que je triais mécaniquement le maigre courrier (pas de nouvelles, bonnes nouvelles) et le reliquat de linge sale pour ensuite faire une machine de couleur afin de clore définitivement le chapitre Hellénique 2018, la petite ouvrière nettoyante, que j'avais achetée avec les bons de réductions amoureusement offerts par un "ex", n'est jamais arrivée jusqu'au stade "essorage" et rendit l'âme sans que je puisse faire quoi que ce soit à part avoir le moral à zéro et soixante balles en moins sur mon compte pour m'être entendu dire par un technicien assez bandant qu'elle était irréparable.

Après moult consultations sur Internet pour trouver le meilleur rapport qualité/prix, je décidais finalement d'acheter un truc pas cher, d'occasion, même vilain... rien à branler.

Je voulais surtout ne plus penser à ce lave-linge moribond demeurant le dernier trait d'union qui me reliait à l'amour de ma vie, quitté cinq ans auparavant dans une douleur aussi brutale que silencieuse.

Même si j'étais passé à autre chose, à d'autres choses, il restait à ce jour l'homme que j'avais le plus aimé.

Du coup, je n'étais jamais réellement passé à quelqu'un d'autre.

Au grand dam de mon entourage qui ne voyait en lui qu'un type quelconque qu'on tolérait joyeusement parce qu'on m'aimait beaucoup.
Et au fond de moi je savais bien que quelque chose déconnait, d'ailleurs tout le monde me disait depuis longtemps que je devrais trouver quelqu'un de mon âge...

Blablabla...

Oh ! la belle affaire ! Depuis la nuit des temps, je tombais amoureux de mecs qui n'avaient rien à voir avec moi tant sur le plan culturel qu'existentiel ou émotionnel.

Pas bien méchant me direz-vous, sauf que je leur accordais une tribune d'honneur dans mon quotidien et que ça ne faisait pas tout le temps bon ménage avec ma vie professionnelle ou sociale.

Puis, comme si cela ne suffisait pas, mon saint homme de psy m’avait permis de découvrir QUE J'ÉTAIS UN PUTAIN DE CAMÉLÉON !

Ouais! Même si on n'est pas dans True Blood, j’ai découvert après tout le monde que j’étais quasiment un métamorphe, sans les effets spéciaux de chez HBO.

Je vous explique : quand je me sens en confiance avec quelqu'un, je prends inconsciemment, irrésistiblement et rapidement sa couleur, sa forme, ses vibrations, et me synchronise rapidement sur à peu près tout ce qu'il dégage.

Je m'adapte tellement bien que je deviens un miroir vivant pour ne pas dire un clone de la personne, du couple ou du groupe avec lequel je passe du temps.

Le problème c'est que ça va toujours dans un sens, celui de l’autre, celui des autres.

Vous voyez ce que je veux dire ?

Non ? vous ne me voyez pas non plus ?
Pourtant moi je vous vois...
Concentrez-vous...
Ça y est ? ça vient ?

Ah... vous voyez... vous me voyez...

Par contre, n'abusez pas non plus... on commence à peine...

Ne me lisez pas trop longtemps, car je vais finir par disparaître...

Et à me transformer... en vous...

S'il vous plaît, ne faites pas ça...
Je commençais à peine à me retrouver...

S'il vous plaît, arrêtez...

S'il vous plaît... Je vous en prie.

New Wave Potatoes, SINGLE WORLD POEM, Denis Brun, Edition de l'Obsidienne, Montpellier, novembre 2019

SINGLE WORLD POEM

Je marche d’un pas tranquille.
L’autre n’est pas là.

Je n’aurai pas à le chercher.
Je n’aurai pas à me tromper de personne.
Je n’aurai pas à le chercher encore et encore.
Je n’aurai pas à le remarquer.
Je n’aurai pas à le rencontrer.
Je n’aurai pas à fantasmer sur lui.
Je n’aurai pas à avoir peur que cela ne se réalise pas.
Je n’aurai pas à avoir peur que cela se réalise.
Je n’aurai pas à avoir peur que cela s’arrête.
Je n’aurai pas à avoir peur que ça ne recommence pas.
Je n’aurai pas à me dire que ça pourrait être mieux.
Je n’aurai pas à me dire que c’est bien.
Je n’aurai pas à me dire que c’est merveilleux.
Je n’aurai pas à me dire que c’est trop beau.
Je n’aurai pas à nous comparer aux autres couples.
Je n’aurai pas à penser aux autres célibataires.
Je n’aurai pas à penser à lui en permanence.
Je n’aurai pas à ne plus penser à moi, graduellement.
Je n’aurai pas à avoir peur de ne pas le comprendre.
Je n’aurai pas à avoir peur de le comprendre.
Je n’aurai pas à avoir peur de le perdre.
Je n’aurai pas à avoir peur de me perdre.
Je n’aurai pas à avoir peur de ne pas lui plaire.
Je n’aurai pas à avoir peur de ne plus lui plaire.
Je n’aurai pas à avoir peur de ne pas me plaire pour lui plaire.
Je n’aurai pas à avoir peur de ne plus le supporter.
Je n’aurai pas à avoir peur d’être insupportable à ses yeux.
Je n’aurai pas à chercher l’approbation dans ses yeux.
Je n’aurai pas à chercher l’amour dans ses yeux.
Je n’aurai pas à chercher le pardon dans ses yeux.
Je n’aurai pas à chercher une réponse dans ses yeux.
Je n’aurai pas à me demander où il est à l’instant T.
Je n’aurai pas à me demander ce qu’il fait à l’instant T.
Je n’aurai pas à me demander s’il est heureux quand il est avec moi.
Je n’aurai pas à me demander s’il est heureux loin de moi.
Je n’aurai pas à me demander si je suis heureux avec lui.
Je n’aurai pas à me demander si je suis heureux sans lui.

Je suis heureux sans lui.

Je n’aurai pas à me demander si l’on va bien ensemble.
Je n’aurai pas à me demander ce que pensent les gens qui nous voient ensemble.
Je n’aurai pas à me demander ce que pensent les gens de nous, lorsque l’on est séparés.
Je n’aurai pas à m’inquiéter pour lui.
Je n’aurai pas à oublier de m’inquiéter pour moi.
Je n’aurai pas à m’inquiéter pour l’avenir de notre couple.
Je n’aurai pas à tout ramener, à un moment ou à un autre, à lui.
Je n’aurai pas à me demander ce qu’il pense.
Je n’aurai pas à m’imaginer ce qu’il pense.
Je n’aurai pas à inventer ce qu’il pense.
Je n’aurai pas à me poser des questions sur son passé.
Je n’aurai pas à lui poser des questions sur son passé.
Je n’aurai pas à lui parler de mon passé.
Je n’aurai pas à lui mentir, même par omission, sur mon passé.
Je n’aurai pas à lui parler de ma famille.
Je n’aurai pas à le questionner sur la sienne.
Je n’aurai pas à rencontrer sa famille.
Je n’aurai pas à lui présenter la mienne.
Je n’aurai pas à me forcer à apprécier sa famille.
Je n’aurai pas à espérer qu’il apprécie la mienne.
Je n’aurai pas à rencontrer ses amis.
Je n’aurai pas à lui présenter les miens.
Je n’aurai pas à me demander ce que ses amis pensent de moi.
Je n’aurai pas à me demander ce que mes amis pensent de lui.
Je n’aurai pas à essayer de séduire ses amis.
Je n’aurai pas à essayer de séduire sa famille.
Je n’aurai pas à essayer de faire en sorte que mes amis l’apprécient.
Je n’aurai pas à essayer de le rassurer quant à ma personnalité.
Je n’aurai pas à essayer de le rassurer quant à ma vie professionnelle.
Je n’aurai pas à subir sa vie professionnelle.
Je n’aurai pas à essayer de ne pas voir les petits détails qui, ô combien, font sens,
mais que l’on ignore volontairement au début d’une relation.
Je n’aurai pas à essayer d’être au top de ma forme pour lui plaire.
Je n’aurai pas à essayer de lui plaire.
Je n’aurai pas à lui plaire.
Je n’aurai pas à dépenser de l’argent pour lui.
Je n’aurai pas à me faire inviter par lui.
Je n’aurai pas à essayer d’être parfait pour lui.
Je n’aurai pas à le considérer comme étant parfait pour moi.
Je n’aurai pas à essayer d’être heureux avec lui.
Je n’aurai pas à essayer de le rendre heureux à chaque seconde de chaque instant passé en sa compagnie.
Je n’aurai pas à me voiler la face quant à mon amour pour lui.
Je n’aurai pas à m’empêcher de penser à d’autres hommes que lui.
Je n’aurai pas à être frustré à cause de lui.
Je n’aurai pas à être frustré à cause de moi.
Je n’aurai pas à le frustrer.
Je n’aurai pas à le froisser.
Je n’aurai pas à lui faire mal sans le vouloir.
Je n’aurai pas à lui faire mal par omission.
Je n’aurai pas à lui mentir.
Je n’aurai pas à me mentir.
Je n’aurai pas à nier ses mensonges.
Je n’aurai pas à les subir non plus.
Je n’aurai pas à regretter nos premiers instants.
Je n’aurai pas à faire semblant que tout va bien.
Je n’aurai pas à ne plus savoir ce que je veux.
Je n’aurai pas à penser au présent avec angoisse.
Je n’aurai pas penser à l’avenir avec angoisse.
Je n’aurai pas à penser à une séparation.
Je n’aurai pas à être jaloux.
Je n’aurai pas à avoir honte d’être jaloux.
Je n’aurai pas à souffrir d’être jaloux.
Je n’aurai pas à ne même plus être jaloux.
Je n’aurai pas à pleurer en pensant à lui.
Je n’aurai pas à pleurer en pensant à moi.
Je n’aurai pas à me dire qu’il était l’homme de ma vie.
Je n’aurai pas à me dire qu’il n’était pas l’homme de ma vie.
Je n’aurai pas à me dire que je regrette notre histoire.
Je n’aurai pas à me dire que je ne regrette rien de notre histoire.
Je n’aurai pas à me demander comment ç’aurait été pour nous s’il n’avait pas eu de famille.
Je n’aurai pas à me demander comment ç’aurait été pour nous s’il n’avait pas eu de passé.
Je n’aurai pas à me demander comment ç’aurait été pour nous s’il n’avait pas eu d’amis.
Je n’aurai pas à me demander comment il serait avec une autre couleur d’yeux.
Je n’aurai pas à me demander comment il serait avec 5 ans de moins.
Je n’aurai pas à nous imaginer vieux tous les deux.
Je n’aurai pas à m’imaginer tenant sa main sur son lit de mort.
Je n’aurai pas à m’imaginer pleurant sa disparition.
Je n’aurai pas à me l’imaginer à mon enterrement.
Je n’aurai pas à avoir peur de vivre la séparation.
Je n’aurai pas à avoir peur de lui faire subir la séparation.
Je n’aurai pas à avoir peur qu’il me quitte.
Je n’aurai pas à avoir peur qu’il me quitte pour quelqu’un d’autre.
Je n’aurai pas à verbaliser les mots de la séparation au moment opportun.
Je n’aurai pas à verbaliser les mots de la séparation au moment inopportun.
Je n’aurai pas à avoir peur de lui faire mal.
Je n’aurai pas à avoir peur qu’il fasse une bêtise.
Je n’aurai pas à ne pas en faire une.
Je n’aurai pas à avoir peur qu’il me fasse mal.
Je n’aurai pas à vivre la séparation.
Je n’aurai pas à avoir peur du vide de la séparation.
Je n’aurai pas à avoir peur de la nostalgie de la relation.
Je n’aurai pas à avoir peur de retomber amoureux de lui.
Je n’aurai pas à reprendre espoir.
Je n’aurai pas à abandonner tout espoir.
Je n’aurai pas à le détester.
Je n’aurai pas à le haïr.
Je n’aurai pas à me détester.
Je n’aurai pas à me haïr.
Je n’aurai pas à me rappeler sa voix.
Je n’aurai pas à me rappeler son odeur.
Je n’aurai pas à être en manque de sa chaleur.
Je n’aurai pas à regretter mon écho dans tout son être.
Je n’aurai pas à ne plus me sentir exister en dehors de la douleur de la séparation.
Je n’aurai pas à oublier l’amour.
Je n’aurai pas à oublier la haine.
Je n’aurai pas à oublier le malheur.
Je n’aurai pas à ne garder que les bons moments.
Je n’aurai pas à magnifier le passé.
Je n’aurai pas à regretter.
Je n’aurai pas à ne plus regretter.
je n’aurai pas à l’oublier.

Je pourrai simplement ouvrir les yeux, me regarder dans un miroir et être conscientdu fait que j’existe, du mieux que je peux.

Je suis là, ici et maintenant, toujours perfectible et cependant très heureux puisque l’autre a disparu.

Il n’y a plus que moi, et le monde qui m’entoure.

New Wave Potatoes, TEMPUS FUGIT (Paradoxal Freedom/Holy Abduction-Remix), Denis Brun, Edition de l'Obsidienne, Montpellier, novembre 2019

TEMPUS FUGIT
(Paradoxal Freedom/Holy Abduction-Remix)

12h30 -1er janvier 2019.
Parco della Resistenza dell'Otto Settembre.

J’ouvrais les yeux.

J'avais l'impression de sortir d'un coma éthylo-psychédélique super étrange !
Putain, elle était vraiment forte cette blondasse d’Europe du Nord !
En plus, je m'en étais foutu partout en l'ouvrant, comme si un ptérodactyle m’avait pissé dessus !

Tel un clodo chic, le cul posé sur un banc lépreux avec comme unique voisin direct un curieux petit arbre en devenir, j’entamais un méga sandwich fait maison.

Je me prenais le soleil de la nouvelle année en pleine gueule, de la bière suédoise à dix degrés dans le sang et sur le froc, ... la gloire absolue !
Mes bagages relativement discrets ne m’empêchaient pas de ressembler à un connard de touriste parmi tant d’autres, mitraillant du smartphone.
Instagram, Facebook,Twitter, Linkedin.

Le monde devait savoir.

Pourtant, tout le monde s'en foutait, moi le premier.

Surfant intérieurement sur les vapeurs d'alcool, j’imaginais que ça m'élevait au dessus de ma propre médiocrité... putain, que j’étais con !

J’avais une curieuse impression de dédoublement existentiel qui me collait au cerveau depuis le vingtième centilitre de cette méchante bibine à un euro, soit deux balles le litre. Ça en disait long sur la qualité du breuvage et ma santé mentale...

Mais bon, la dérive battait son plein, c’était tout ce qui m’importait.
Je m’enfilais une autre cervoise couillue, car manger me donnait soif et boire me donnait faim.

Un Flixbus me ramènerait à Nice dans à peu près sept heures mais bordel, qu'est-ce que j’étais venu chercher à Rome ?
Aucune idée précise, à part l’intention de fuir pas trop loin de chez moi sans me ruiner.

Peut-être que je fantasmais, à posteriori, sur de vagues souvenirs cinématographiques liés à une adolescence passée à regarder le ciné-club et le cinéma de minuit pendant que mes parents dormaient après leur journée de merde.
Ou alors, j’essayais de vérifier si, contrairement au Los Angeles de David Lynch que j'avais cherché en vain, Rome se conformerait à la réputation fellino-sorentinienne dont je la créditais aveuglément.

Une réponse différente, affirmative et cinglante, pour ne pas dire cinglée, me péta à la gueule dès mon arrivée dans la capitale, sous les traits d'un mec rencontré quelques temps auparavant sur un site de cul pour gros poilus et leurs amateurs.

Ledit Felipe traînait une dégaine de wannabe-aristocrate mais, tel une publicité mensongère, c’était un faux gentil, bipolaire, pathétiquement extraverti.

En plus il détestait Sorrentino. Il se prétendait actif mais avait sucé ma bite comme une grosse salope et finit par jouir après plusieurs va-et-vient de mes doigts dans son cul, trop praticable pour être honnête.

J’étais toutefois resté poli puisque je l'avais courageusement conduit à l'orgasme avant de me rhabiller sous un prétexte fallacieux.

La honte ! ce prétentieux arnaqueur n'était qu'une abjecte lope caractérielle !

Comme l’heure était à l’hypocrisie et que je n’avais pas fini la Kasteel triple qu’il m’avait offerte à reculons, je lui demandais de me montrer ses travaux de graphiste dont il semblait si fier.

Traînant le pas, il s’exécuta mécaniquement, affichant une contrariété galopante, à peine contenue, presque effrayante.
Comme je le craignais, la situation s’envenima dès le lendemain.

En effet, mon refus de le revoir déclencha une cascade de mails haineux.
Après avoir signalé son comportement flippant au webmaster du domaine hébergeant ses multiples profils, il en fut banni presque immédiatement.
Par sécurité, je l’avais aussi blacklisté sur tous mes réseaux.

Comme il savait où je logeais, je conservais sur un papier son numéro de portable et son adresse au cas où il aurait été encore plus taré que je l'imaginais.

Mamma mia ! cette entrée en matière légèrement fécale et rock’n’roll fut révélatrice de la violence inouïe mâtinée de solitude pathologique qui régnait chez ce pauvre type.

L’ex-catho que j’étais en fut cependant touché au point de me demander si je n’étais pas à l’origine de cette situation de merde.
La proximité avec le Vatican, j’imagine...

Mais vite fatigué de réfléchir encore et encore sur un hypothétique bug dans mon karma, je me laissais littéralement et joyeusement posséder par les ruines, les monuments, les ruelles, les avenues, la gueule des gens et leur allure tirée à quatre épingles... total respect !

Un peu plus tard, je chialais de bonheur à la Centrale Montemartini qu’un ami de bon goût m’avait conseillé de visiter en urgence.

La claque absolue ! de la synesthésie pour le prix d’un billet d’entrée, sans les effets secondaires du syndrome de Stendhal.
Putain, je ne pensais pas que des statues classiques au milieu de salles des machines puissent m'émouvoir à ce point !
J’ai carrément remercié le personnel tellement j'avais la tête retournée par la sublime fusion « statuaire antique/univers industriel ».

Ma chance continua sur sa lancée puisque le lendemain je baisais à couilles rabattues pendant quatre ou cinq heures dans un sauna mixte, planqué en banlieue pavillonnaire, introuvable sans GPS.

Après avoir joui deux fois et donné du plaisir à une demi-douzaine de compagnons de débauche, j’étais revenu à mon rbnb, détendu, prêt à écrire, à dessiner, bouffer, boire et dormir.
Un lit, une table, une lampe, c’est presque tout ce dont j’avais besoin en dehors du reste, soyons réalistes...
La salle de bain et la cuisine collective me convenaient aussi puisque je n’y croisais jamais personne.

De la terrasse, j’apercevais une ruine verticale ressemblant à un silo antique en briques rouges avoisinant un Lidl.

J’adorais vraiment cette ville !

À deux cents mètres de là, on pouvait admirer des casses de voitures en file indienne avec leurs éternelles cohortes de journaliers sans-papiers, des champs en friche servant de pâturage à d’improbables chevaux, et enfin, la Cinecittà.
Bref, cette semaine romaine se déroulait parfaitement bien.

La veille de mon départ, l’envie me prit d’aller me balader sous la lune descendante.

C’est donc plein d’espoir en le présent et la magie du quotidien que je quittais mon immeuble, sans remarquer la silhouette qui fondit sur moi à la vitesse d’un ninja blanc défoncé au speed.
Il avait un gun de tarlouze, à peine plus gros que sa main, et le pointait dans ma direction en gueulant une phrase qui ne laissait aucun doute sur ses intentions.
Je n’ai pas compris ce qu’il hurlait, par contre, j’ai entendu la détonation et ressenti une abominable brûlure se diffusant simultanément dans chaque cellule de mon enveloppe charnelle.

Puis, j’eus clairement l’impression de me dégonfler au niveau de la cage thoracique.

C’était presque marrant de basculer dans une séquence au ralenti avec la sensation de pouvoir toucher les pixels de la lumière qui dérapaient sur du... rien.
Les sons devenaient anecdotiques bien que violents et confus...
La stupeur avait fait place à un doux étonnement qui s’étonnait être étonné, qui s’étiolait, jusqu’à oublier sa propre origine...

Fin de signal...
... RESET...

Fait chier, quand j'y pense, j'aurais trop aimé me faire un plan uro pour mon dernier jour à Rome mais le dieu Terminus en avait décidé autrement.
Le hammam où je devais passer l'après-midi était aussi fermé que l'esprit d'un vegan.

En effet, l’auguste établissement gardait porte close chaque premier janvier.
Passé le désagrément de l’inaccessible usine à sperme, j'avais décidé de faire contre mauvaise fortune bon cœur en reprenant un bus pour le centre ville où j’allais marcher, une fois de plus, sans but précis.

L’heure du déjeuner approchant, je trouvais un spot à pique-nique pas trop fréquenté pour le sauvage que j’étais devenu : le Parc de la Résistance du 8 septembre... rien que ça !

J’allais maintenant pouvoir me gaver la panse tout en admirant la statue de George Castriota, tellement sexy avec son sabre de killer et sa coiffe délirante.

Pour commémorer ce grand moment contemplatif, je décapsulais une canette XXL encore fraîche, qui éjacula de bonheur comme si j’avais libéré un génie du houblon enfermé depuis une éternité.

Trois rasades plus tard, le soleil arrivait à son zénith et je ne me désaltérais plus, non, je picolais...
Allez, encore une goulée avant d’attaquer la graille...

Putain, elle était vraiment forte cette blondasse d’Europe du Nord !
Mais à bien y réfléchir, elle avait un goût limite frelaté... Fait chier, maintenant j’avais carrément la gerbe...

Paniqué, je vidais la moitié restante de l’infâme produit au pied d’un arbuste qui, du haut de sa famélique jeunesse, frémit délicatement comme si je lui avais offert une libation.

Une chose était sûre, il en aurait sans doute plus besoin que moi pour continuer dans l’existence.

Je retournais m’asseoir avec une étrange sensation de libération, d’amusement et d’énervement.

Quand même... ça faisait chier... putains de Vikings !!!

New Wave Potatoes, L'ELDORADO DE LA MÉDUSE (Name Dropping Remix feat La voix de Frédéric Mitterand), Denis Brun, Edition de l'Obsidienne, Montpellier, novembre 2019

L'ELDORADO DE LA MÉDUSE
(Name Dropping Remix feat La voix de Frédéric Mitterand)

Jardin des 5 sens et des Formes premières, Aix en Provence, 20 juin 2019

Une profonde inspiration lui rappela qu’elle était encore vivante.

Ses yeux s’entrouvrirent comme deux marguerites transgéniques activées par les lampadaires de la Viale dei Santi Pietro e Paolo.
Le renvoi acide mâtiné de Guinness qu’elle ne put retenir laissait présager une migraine atomique. So what !

Tout le monde grandit, non ? et les médocs anti-gueule de bois n’étaient pas fait pour les chiens ! À vrai dire, Alice ne pensait jamais à son avenir, même après un énième retour du Pays des Merveilles, la tristement célèbre clinique paternelle spécialisée dans le traitement des polyaddictions, dont la vertigineuse liste d’attente était encore plus longue qu’une trace hypothétique confectionnée par Hunter S. Thompson pour les membres du Brian Jonestown Massacre.

Le présent, tel un majordome indulgent, veillait sur elle. Jusque-là, tout était sous contrôle ou presque. Aux premières heures de ce jeudi matin de printemps, alors qu’elle rentrait péniblement de chez une amie suicidaire, sa vie névrosée à l’or massif allait une fois de plus basculer dans un monde interlope en streaming.

Elle n’avait déjà plus aucun souvenir de cette soirée darkwave passée à jouer au foulard entre deux prises de DMT mais ne s’étonna guère de découvrir une liasse de petites coupures dans l’unique poche de sa robe en dentelle noire savamment lacérée, ornée de véritables plumes de kiwi.
Le moment venu, elle trouverait bien comment dépenser inutilement ce fric dont elle n’avait pas besoin... pour l’instant il lui fallait remettre ses neurones en place.

Dans son cas, l’expression « ne prêter qu’aux riches » prenait un sens obscène et décourageant au vu de sa brillante intelligence doublée d’une plasticité cérébrale à l’épreuve des plus hallucinantes situations, réelles ou fantasmées.
En clair, ses milliards de synapses partouzaient jour et nuit avec le moindre influx nerveux digne de ce nom.

OK, elle avait quinze ans, une popularité confortable, zéro problème d’acné et toujours pas de poitrine. Pourvu que ça dure !

Elle était, au propre comme au figuré, en terminale, à l’Institut Saint-Dominique, un lycée francophone au nord-ouest de la capitale.

Telle une raveuse invétérée ayant franchi le point de non-retour, elle n'aurait pu décrire l’auguste établissement où elle était censée passer le plus clair de son temps, ni les matières qu'elle y étudiait.

D’aucuns diagnostiqueront le syndrome de Buffy, d’autres évoqueront des priorités extra-scolaires. Alice avait une mémoire très sélective et s'embarrassait peu de l’ennui quotidien, méthodiquement sublimé par voies illégales et chimiques.
Une autre tradition familiale, semblait-t-il : son frère adoptif Peter, grand chasseur de dragon, collectionnait les OD en solitaire.

Pour l’instant, elle essayait en vain de rentrer chez elle mais ne se rappelait pas vraiment où se trouvait sa demeure, ni d'ailleurs à quoi elle ressemblait.

La Rome du petit matin, sale, humide et photogénique, la réconfortait dans son imperceptible mais réel naufrage intérieur.

Une lumière jaunâtre de réverbères éclairait les sculptures du carrefour des Quatre Fontaines.
Les statues de Diane et Junon gloussèrent intérieurement au passage de cette jeune asperge mondaine à la démarche vacillante.

Un peu plus loin, les mannequins des vitrines endormies lui rappelaient sa mère, une ancienne reine de voguing, mariée avec raison et abnégation, qui l’embarquait trop souvent pour des shopping- marathons où le champagne concurrençait les macarons au milieu des showrooms semblables à des bonbonnières gorgées de pierres précieuses. Encastrées entre des murs antiques, parfois lépreux et rongés par la pollution, ces discrètes mais somptueuses boutiques de couture perpétuaient une certaine idée de l’élégance à l’italienne.

Elles demeuraient invisibles comme inaccessibles aux touristes de base, joyeusement décérébrés à grands coups de selfies pathétiques quand ils n’étaient pas pressés de se faire dépouiller par les inévitables vendeurs de souvenirs. Le syndrome de Stendhal restait un luxe absolu de perversion oisive, inconcevable et inabordable pour le commun des mortels ; ces derniers se révélant presque incapables de retenir quoi que ce soit d’autre, pendant leur city tour chronométré, que des accumulations de clichés interchangeables, validant par défaut un style de vie dont ils étaient si fiers de posséder les codes pour le moins rudimentaires.

La Bella Grandezza, quant à elle, offrait du haut de sa splendeur historique, plusieurs degrés de lecture et d’appréhension socio-culturelle qui s’étendaient du blanc laiteux au noir fluorescent.
Alice avait hérité d’un pass V.I.P. lui permettant d’aller d’une extrémité à l’autre du spectre sans même s’en rendre compte.

Passées la Via del Tritone et la Piazza Colonna, elle semblait téléguidée par des fragments de souvenirs magnétiques.

Il fallait juste qu’elle se concentre encore un peu et tout irait bien.

Elle était maintenant proche du Consulat où les anniversaires de son enfance rimaient avec substances hilarantes, valises diplomatiques et lendemains qui chantent faux, passés à l’infirmerie. Une écœurante odeur de fioul augmentait à mesure qu'elle approchait du Tibre. Ça ne l’aidait pas à marcher droit.

Ses creepers ressemblaient de plus en plus à des créatures hormonées pesant des tonnes et ne faisant aucun effort pour avancer toutes seules. Rien à voir avec les Mac Queen de Cendrillon que tout le monde appelait Cindy, une cousine straight edge qui faisait la fierté de sa famille.

Un trottoir en chassant un autre, le mal de crâne commençait à poindre. Quelques rongeurs urbains, petits et gros, ponctuaient ses pas sans la percuter, en marquant la cadence désordonnée de sa déambulation.

Soudain, des formes humanoïdes se détachèrent graduellement d’un brouillard évanescent pour venir à sa rencontre.
On aurait pu les confondre avec Laura Palmer, Eric Northman et Bill Compton exfiltrés d’une série low cost.
MDR, des cosplays à deux balles en perdition...
Mais quelle idée pourrie de ressusciter True Blood pour une huitième saison avec la blonde moribonde de Twin Peaks en guest-star !

Un White Russian là-maintenant-tout-de-suite eût certes été d’un grand secours mais son corps n’était plus en mesure de supporter la moindre goutte d’alcool sans risquer d’être assailli par de violentes convulsions.

L’improbable trio de bouffons adeptes du second degré vestimentaire était en réalité beaucoup plus impressionnant, savant et mystérieux que ses membres endimanchés le laissaient entrevoir.
Ils venaient de finir l’enregistrement d’un opéra bruitiste en hommage à Luigi Russolo et proposèrent contre toute attente d’accompagner Alice jusqu’au fleuve pour la faire embarquer sur un home studio flottant, aux allures de radeau DIY sponsorisé par une mécène excentrique, destiné à les conduire vers moult aventures modernes-primitives relayées via Instagram et Soundcloud. Toujours sur ses gardes, malgré cette grossière et inhabituelle erreur de jugement concernant leur dress code, elle les gratifia d’un faible sourire sardonique de principe qui, sous l’effet d’une brusque remontée de dextroamphétamines, ne tarda pas à disparaître. Littéralement giflée par un flash émanant du puzzle incomplet de sa conscience, elle réalisa qu’elle était en équilibre précaire sur le fil émoussé d’une lame de rasoir à couper la dope et qu’il lui faudrait un miracle, à défaut d’un maître Jedi, pour l’emmener loin de cet univers vénéneux, pesant et omniprésent.

À sa naissance, une crevure de sorcière punk grimée en princesse Emo s’était penchée sur son berceau et l’avait maudite en toute impunité. Vieille pute !
Elle se rappela Citizen Kane, chef-d’œuvre d’un autre âge, qu’elle avait tant aimé regarder seule en chialant comme une âme en peine à la médiathèque de la clinique lors de sa première désintox. Rosebud...

Elle comprenait maintenant la symbolique de la luge et n’y voyait plus la moindre analogie avec sa propre version des sports d’hiver qu’elle pratiquait à la paille, à moitié à poil sur des cuvettes de WC cradingues, tout au long de l’année et par tous les temps.
Son corps gracile, ultime reliquat d’une enfance dorée, abusée et bafouée, était en permanence au bord de la rupture.
Son âme dépérissait jour après jour dans un vortex de larmes retenues.
Ignoré par un entourage d’adultes plus obsédés par leurs animaux domestiques qu’à l’écoute de ses besoins affectifs, le vilain canard sauvage déguisé en cygne d’apparat fut alors transfiguré par une idée fixe : se tirer d’ici le plus vite possible.
Les trois emphatiques musiciens au teint blafard fraîchement apparus dans sa vie pourraient certainement l’aider à en changer le cours. Elle accepta donc leur invitation sans se faire prier puisqu’un simple contrôle médical était exigé avant l’embarquement pour le vaste monde.
On la fit asseoir sur un curieux lit de camp à roulettes afin de lui administrer le vaccin nécessaire au bon déroulement du périple à venir. La jeune fille aux pupilles dilatées, contrairement à son demi-frère, détestait les seringues mais elle ne broncha pas lorsqu’une aiguille flambant neuve se planta dans la plus sexy des veines de son bras gauche.
Totalement médusée par cette promesse d’Eldorado, elle ne remarqua pas le gyrophare qui, tel un derviche, entama une danse robotique à la périphérie de son champ visuel.
Le temps s’était suspendu à une branche de cyprès, un faune souffla dans un olifant en merisier et le ciel arbora des nuances oranges et roses. Quelque part sur les hauteurs de la lointaine Olympe, une divinité repue s’endormit.
À mesure qu’elle plongeait dans l’obscurité narcoleptique sous l’effet de l’injection, Alice perdit cette impression de fun tragique qui, d’ordinaire, la hantait.
Elle se mit à rêver en noir et blanc de Nico, sans le Velvet, pédalant maladroitement sur un beach bike déglingué avant de chuter puis de disparaître.

« I’ll be your mirror,
Reflect what you are, in case you don't know, I'll be the wind, the rain and the sunset,
The light on your door, to show that you're home... »

Les premiers rayons d’un soleil indifférent à son état transitoire, l’éblouirent en traversant la vitre arrière du suv médical qui roulait lentement sur un gravier croustillant hors de prix.
Elle était consciente, ou presque, et n’était pas certaine d’aimer cela.
Elle reconnaissait maintenant le paysage en basse définition qui se déployait lentement.
De multiples regards éteints ne prenaient même plus la peine de la dévisager.
Une peinture de chagrins et de couleurs vives. Expiration, désillusion.
Elle était revenue à la case départ...
Encore raté !

Une première version de L’Eldorado De La Méduse a été publiée par Denis Brun sur le site slash-paris.

« L’Eldorado De La Méduse est une installation gonflable que j’ai au préalable présentée en 2014 à Marseille sur le plan d’eau du Parc de la Maison Blanche à Marseille lors du Festival des Arts Éphémères. Un cartel avec un QR code était affiché sur les rives du plan d’eau afin que les visiteurs puissent écouter la bande-son liée à l’installation, sur leur smartphone. Durant le vernissage de l’exposition, une enceinte active posée sur le radeau diffusait également en live la bande son ».

LEXIQUE

Très technologique et anglicisé, "l'environnement sociologique typique d’un jeune artiste du début du vingt-et-unième siècle" demande peut-être, quelques éclaircissements linguistiques à l'usage des personnes qui seraient sur une autre planète mais désireraient cependant faire plus ample connaissance avec la génération née en France durant les années quatre-vingts. Voici donc, sous toute prudente réserve, les informations que nous avons recueillies sur les fureteurs. Hormis quelques rares exceptions, la plupart des définitions ici proposées proviennent, en toute logique de libre diffusion des connaissances, de l'encyclopédie en ligne Wikipédia.

MULTITASKING est un terme anglophone qui prend sa source dans l'ingénierie informatique, désignant un type de système d'exploitation dit multitâche, capable de traiter en même temps plusieurs programmes informatiques.

HARDCORE (HC) est un terme anglais signifiant « noyau dur ». Un synonyme possible pourrait être l'adjectif "violent", voire, très violent. Il peut qualifier divers styles musicaux : rap, techno, metal, punk, certains films pornos et autres films violents ou des comportements extrêmement passionnés.

LYSERGIQUE fait référence à l'acide lysergique ou LSD qui est un alcaloïde d'ergoline ; puissamment hallucinatoire, ce champignon (ergot) se développe sur le seigle. l'ergotisme, appelé au Moyen Âge "mal des ardents" ou "feu de saint Antoine", est provoqué par la présence d'ergot dans le seigle utilisé pour fabriquer le pain. Au vingtième siècle, hormis l’usage considérable qui en fut fait par la jeunesse américaine puis européenne, Pont-Saint-Esprit a été, en 1951, le théâtre de la plus célèbre intoxication collective par ergot de seigle.

SYNESTHÉSIQUE fait référence à un phénomène neurologique par lequel deux ou plusieurs sens sont associés de manière durable ; par exemple, en musique, sons et couleurs, sons et odeurs.

DRESS CODE / code vestimentaire : norme vestimentaire sociale non-écrite, tacite qui peut donner une indication du rang social, de la classe à laquelle la personne appartient, de son activité , de sa religion, de son statut marital, de son adhésion à tel ou tel groupe de fans, etc.

BPM : beats per minute / battements par minute ; unité de mesure utilisée pour exprimer le tempo de la musique ou le rythme cardiaque.

HARDTEK : la hardtechno est un genre de musique électronique violente.

GABBER : genre de musique électronique violente originaire de Hollande et Belgique.

DANCEFLOOR OVERGROUND : Dancefloor est un anglicisme qui signifie littéralement piste de danse dans les boîtes de nuit. OVERGROUND signifie la surface visible, en opposition à UNDERGROUND, la surface invisible. Underground comme overground font possiblement référence au métro londonien.

SOUND SYSTEM : système de sonorisation transportable, parfois appelé discomobile, est le matériel de sonorisation utilisé lors d'une fête ou d'un concert. Par extension, il désigne également le groupe d'organisateurs de soirées mettant ce matériel à disposition, et la culture y étant associée.

BLEEPS : pluriel ; équivalent de bip, beep ; séquence de son courte produite par tout appareil électronique.

TECHNOÏDE : relatif au grand ensemble des musiques électroniques dites "technos".

PLUG-IN ou add-in, add-on : module d'extension, module externe, greffon : programmes additionnels destinés à apporter une fonctionnalité supplémentaire à un logiciel.

SECOND SUMMER OF LOVE désigne les étés 1988 et 1989 au Royaume-Uni qui ont vu l'apparition de l'acid house et des rave parties. L'expression originelle renvoie au Summer of Love de 1967 à San Francisco, qui fit connaître le mouvement hippie.

DEADLINE : mot anglais pouvant signifier en français « date butoir », « date limite », « échéance », « date de tombée » (dans le monde des médias), « date de clôture ».

WORKSHOP : issu du monde de l'entreprise, ce mot anglais peut signifier en français "atelier collaboratif", une sorte de réunion de groupe où tout le monde participe activement ; sujet et objectif sont définis par les organisateurs. De nombreux workshops, formations créatives à fin de construction de projets, sont maintenant organisés dans les écoles d’art ou d’architecture.

MD est un raccourci de MDMA (pour 3,4-méthylènedioxy-N-méthylamphétamine). Classé en France dans la catégorie des "stupéfiants", il est vendu sous forme de cristaux ou de pilules sous le nom plus répandu d'ecstasy.

CASTIEL est un ange issu de la série télévisée américaine Supernatural qui relate les aventures de deux frères, Sam et Dean Winchester, chasseurs de phénomènes paranormaux.

I STARTED A JOKE : est une chanson des Bee Gees enregistrée et publiée en 1968 dans leur album Idea. "J'ai commencé une blague qui a fait pleurer le monde entier / Mais je n'ai pas vu que la blague était sur moi, oh non / J'ai commencé à pleurer, ce qui a fait rire le monde entier / Oh si seulement j'avais vu que la blague était sur moi / J'ai regardé le ciel, mes mains, mes yeux / Et je suis tombé du lit en me blessant à la tête, à cause de ce que j'ai dit".

STEAMPUNK : signifie littéralement « punk à vapeur », parfois traduite par « futur à vapeur » ; terme inventé pour qualifier un genre de littérature né à la fin du XXe siècle, dont l'action se déroule dans l'atmosphère de la société industrielle du XIXe siècle. Le terme a été forgé à la fin des années 1980 en référence au cyberpunk (terme apparu en 1984).

DIY : "Do It Yourself"; « Faites-le vous-même », « Faites-le par vous-même », « Fais-le toi-même » ou encore « fait maison », ou « fait à la main » : composer avec des éléments manufacturés, s’inspirer des objets du quotidien et les détourner.

FDP : Fils De Pute

TRUE BLOOD : série télévisée dramatico-fantastique américaine, créée par Alan Ball (scénariste d’American Beauty, créateur de Six Feet Under), d’après la série de romances "La Communauté du Sud" de Charlaine Harris.

HBO : chaîne de télévision payante américaine du groupe WarnerMedia qui produit et diffuse des séries.

FLIXBUS est une marque de l'entreprise FlixMobility Gmbh, entreprise allemande spécialisée dans la gestion de flottes d'autocars longue distance dans plusieurs pays européens et aux États-Unis.

DMT : La diméthyltryptamine ou DMT est une substance psychotrope puissante souvent synthétique mais aussi présente de façon naturelle dans plusieurs plantes. En France, La DMT est inscrite au registre des « stupéfiants ».

DARKWAVE : genre musical, apparenté au mouvement gothique ayant émergé dans les années 1980.

SYNDROME DE BUFFY : dans un épisode de la série « Buffy contre les vampires », Buffy va exceptionnellement en cours à la fac au lieu de dézinguer des vampires. Elle se rend compte qu'elle n'est jamais vraiment allée en cours de l'année, qu'elle ne sait même pas dans quelle salle de cours elle doit se rendre. Une panique monte en elle et s'amplifie. Elle doit affronter une véritable crise de personnalité qui fait basculer sa conscience d'héroïne de série à simple humaine étudiante absentéiste par défaut (elle ne va pas en cours car elle doit sauver le monde, normal). En fait, un démon sévit en ville et lance un sortilège aux habitants les obligeant à assumer dans la réalité leurs plus profondes angoisses. J'ai donc associé volontairement l'angoisse de Buffy à un syndrome portant son nom.

OD: OverDose

REINE DE VOGUING : la vogue est une danse toujours actuellement pratiquée, née aux Etats-Unis, à Harlem, durant les années 1930. Voir Vogue Madonna sur YouTube. La vogue est associée à la "ball-culture" ainsi définie par Wikipédia : "phénomènes de sous-culture LGBT aux États-Unis (voir aussi Voguers of Paris, mini série documentaire sur la scène voguing française) dans lesquels des personnes « marchent » (c'est-à-dire entrent en compétition) pour un trophée et des prix lors d'événements désignés comme des « bals ». Les compétitions peuvent inclure de la danse, ou des catégories drag imitant d'autres genres et d'autres classes sociales". Dans YouTube, chercher : Bq Vogue Fem.

LE SYNDROME DE STENDHAL ou syndrome de Florence : Stendhal le décrivit en 1817 lors d’un voyage à Florence ; il se caractérise par des accélérations du rythme cardiaque, des vertiges, des suffocations, voire des hallucinations chez certaines personnes exposées à une surcharge d’œuvres d’art.

CREEPERS : chaussures à épaisse semelle de crêpe portées depuis les années 1950 par les Teddy Boys puis récupérées par les mouvements rockabilly, punk, rock, et leurs diverses ramifications.

MAC QUEEN DE CENDRILLON : Le styliste britannique Alexander McQueen s'est suicidé en 2010 à l'âge de quarante ans (Wikipédia). En 2015, à l'occasion de la sortie de Cinderella / Cendrillon, réalisé par Kenneth Branagh pour Walt Disney Studios Motion Pictures, Disney a demandé à neuf marques mondialement connues de livrer leur version de la plus célèbre des pantoufles de contes de fées. (Mme Figaro).

STRAIGHT EDGE : depuis la fin des années soixante du XXe siècle, ce vocable qualifie les personnes qui ne consomment ni alcool, ni tabac et autres drogues récréatives. Pour certaines, cela s'étend à ne pas s'engager dans la promiscuité sexuelle, à suivre un régime végétarien ou végétalien et à ne pas consommer de caféine ou de médicaments. Le terme a été adopté et popularisé à partir de la chanson Straight Edge du groupe de punk hardcore des années 1980 Minor Threat. (Wikipédia)

BUFFY, LAURA PALMER, ERIC NORTHMAN, BILL COMPTON (si vous n'avez pas la télévision ou n'êtes sériephile) sont des personnages de fictions de séries télévisées. TRUE BLOOD et TWIN PEAKS sont des séries télévisées. Les séries télévisées se caractérisent, entre autres, par la présence de GUEST-STARS (mot-valise anglais pour« guest » signifiant « invité » et « star » signifiant « étoile ». Le mot, né dans le cadre des émissions radiophoniques, est apparu dans la seconde moitié du XXe siècle.

LOW COST : tout ce qui est à "bas prix".

MDR : Mort De Rire.

COSPLAY : est un mot-valise apparu aux USA à la fin des années trente du XXe siècle. Il est composé des mots anglais « costume » et « play » (« jouer »). La personne cosplay joue le rôle de personnages fictifs en costume, perruque, maquillage.

WHITE RUSSIAN : boisson alcoolisée dont la recette de base est composée de glaçons et de 5 cl de vodka, 2 cl de liqueur de café et de 3 cl de crème fraîche ou de lait. L'abus d'alcool est dangereux ; à consommer avec modération.

BRUITISME : ce mouvement musical trouve ses racines au début du XXe siècle, en Italie et en Russie alors en pleine révolution bolchevique. Le compositeur italien Luigi Russolo est considéré comme le père de la musique bruitiste. En 1975, il se propage à la musique rock suite à la contribution de Lou Reed (album Metal Machine Music) ex-membre du Velvet Underground puis à celles de Sonic Youth et de My Bloody Valentine.

NICO : Christa Päffgen, dite Nico, née le 16 octobre 1938 à Cologne, morte à la suite d'une chute de vélo le 18 juillet 1988 à Ibiza, est une chanteuse, compositrice, actrice et mannequin allemande. Chanteuse dans le premier album du Velvet Underground, « The Velvet Underground and Nico » (1967) où elle interprète "I’ll be your mirror", elle a enregistré six albums en solo et s'est produite en concert pendant les vingt années suivantes. Elle a également joué au cinéma avec Federico Fellini et Philippe Garrel et publié un recueil de poèmes, « Chemin d'une vie ».

INSTAGRAM, SOUNDCLOUD : deux réseaux sociaux respectivement spécialisés dans le partage d'images et de créations musicales et sonores sur Internet

DEXTROAMPHÉTAMINE : de la famille des médicaments appelés stimulants. Ce médicament est prescrit dans le traitement du trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH) et de la narcolepsie (crises de sommeil). Il traite efficacement la narcolepsie en exerçant une action stimulante sur le cerveau. La façon dont il aide les personnes atteintes de TDAH n'a pas encore été établie.

JEDI : dans l’univers Star Wars, c’est un guerrier-philosophe qui œuvre pour le maintien de la paix dans la galaxie ; il est doté de pouvoirs surnaturels et reconnaissable à son sabre laser.

EMO : ni punks, ni gothiques, ni mangas, mais un peu tout ça à la fois. Côté cœur, les emos se revendiquent «Emosexuel.l.e.s». L’emo est un fan d’emocore. L’emocore vient de la scène hardcore, il en est une déviance dite “emo” d’où la contraction “emo hardcore” pour emocore. Généralement, ils ont une frange sur le côté (une mèche). La couleur des cheveux est foncée, en général, tel que noir, brun chocolat, ou autre. Certains aiment y ajouter quelques mèches de couleur, comme du rose, du bleu, du violet ou d'autres couleurs. Les « emo » s'habillent de façon sombre. Couleur de pantalon en général noire, grise ou encore rouge foncé. On peut aussi les reconnaître à leurs piercings.

CITIZEN KANE : film réalisé par Orson Wells en 1941 ; le citoyen Kane meurt dans son manoir de Xanadu, un vaste domaine palatial de Floride, en prononçant dans un dernier souffle « rosebud » (bouton de rose) et en laissant échapper de ses mains une boule à neige. Que cela signifie-t-il ?

VÉNÈRES : énervés en verlan.

REMERCIEMENTS

Mes parents / Hélène Ancion / Armandine Bourgeon / Pascal Foulon / Frédéric de la Iglesia / Michel Lemmens / Patrice Manfé / Jean-Sébastien Morandini / Pascal Noé / Laurent Olivès / Christian Régent / Dominique Sonneville / Frédéric Vaesën / Erik Van Grieken.

Spéciale dédicace "OG": Hélène Arnaud / Laurette Atrux-Tallau / Les Arsonniennes et Arsonniens de 1989 à 1994 / les étudiants et personnel de la Villa Saint-Clair promo 1988/1989/ Myriam Astruc / Frédéric Bauchet / Véronique Botella / Evelyne Canus / Fabienne Colombéron / Stéphane Davet / Alain David / Ghislaine Dantan / Caroline Daugreilh / Isabelle Degeilh / Christine Caillot / Nathalie et Murielle Coriérat / Brice Dellsperger / Noël Dolla / Florence Farrugia /Sylvain Fornaro / Frédéric Lafleuriel / Eric et Catherine Le Floch / Laurent Garnier / Catherine Imbert / Sandrine Jacquin / Les Kiddies / Les Lapins Lunatiques / Nicolas Lebret / Natacha Lesueur / Eric Lombard / Eric Mangion / Christine Maous / Isabelle Marguerite / Agnès Martel / Céline Newlove / Jerôme Pazzaglia / Christophe Peccini / Alina Picazio / Patrick Podszaski / Yannick Rollin / Olivier Saint-Julien / François-Xavier Schmider / Jean-Philippe Seguin / Eric et Philippe Skwérès / Christine Soulé / Jeanne Struyve / Christine Tabusso / Gilles Thomas / Noëlle Tissier / Benjamin Vautier / Virginie Vessière / Thomas Zoritchack.

Je tiens également à remercier tout spécialement Marceline, Guillaume, Olivier du site Documents d’ artistes à Marseille / Dominique Dernaucourt / Agnès Roux du Logoscope à Monaco et Vinciane Hagelstein pour leurs encouragements et leur foi en mes capacités à écrire.

Je remercie enfin : Dominique Angel / Georgiana Antoce / Palmina d'Ascoli / Vassili Balatsos / Gilles Barbier / Jean-Marc et Marie-Christine Bartholome / Pierre Bels / Christian Bernard / Pierre-Yves Borrel / Karima Celestin / Pascal Charlat / Sylvie Coëllier / Hugo Dobbelstein / Serge Ettore / Christine et Francesco Finizio / Axelle Galtier / Pascal Gobin / Patrice Gobin / Hugo Hudobbel / Catherine Imbert / Hervé Lebrun / Bruno Leplattenier / Marie Lesourd / Patrick Lombe / Catherine Macchi/ Lydie Marchi / Joseph Mailland / Lun*na Menoh / Jelle Metzger / Edouard et Virginie Monnet / Ingrid Mourreau / Sandra Patron / Dominique Paillard-Rampal / Jacqueline Ripé / Sandrine Perrin / Sandrine Raquin / Noel Ravaud / Jean-Marc Réol / Véronique RIzzo / Ysabel de Roquette / Thierry Rouyer / Roland Semadeni / Sylvain Sorgato / Christine Tabusso / Gauthier Tassart / Dietrich Tassignon / Guy Treveset / Philippe Turc de Vénosc / Christiane Armand / Jean-Jacques Le Berre / Galerie Porte Avion.

Et pour finir en beauté : merci à Sarah Cohen, Ludovic Allabert et Dominique Dalbin qui sont directement et indirectement à l'origine de cette publication. 

Citer ce document

New Wave Potatoes, Denis Brun, Éditions de l’Obsidienne, Montpellier, Novembre 2019 sous Licence Creative Commons Attribution-NonCommercial-ShareAlike 4.0 International(CC BY-NC-ND 4.0).

Photographies : Denis Brun

Licence Creative Commons by-nc-sa 4.0

 

Document complémentaire

Collection Les Entretiens de l’Obsidienne
Cahier n°6, Denis Brun / Sarah B. Cohen
Version PDF
Version Web

New Wave Potatoes, Denis Brun, Edition de l'Obsidienne, Montpellier, novembre 2019

Denis Brun est né en 1966, à Désertines, en banlieue de Montluçon, dans l'Allier. Il vit et travaille à Marseille. Passé par la villa Arson (Nice), il en sort en 1994 avec son Diplôme National Supérieur d'Expression Plastique. Denis Brun est compositeur, peintre, styliste, photographe, vidéaste... écrivain et plus, si affinités, en volonté constante de privilégier l’intention artistique plutôt que le médium.

Éditions de l’Obsidienne

Quatrième de couverture, New Wave Potatoes, Denis Brun, Edition de l'Obsidienne, Montpellier, novembre 2019

Montpellier

Novembre 2019

ISBN : 979-10-91874-16-8